Nu
L’air se fait doux et la lumière meurt
La grotte prend mon jour
Dans des échos de gris
De noirs poreux et de faux rouges
Des lignes gravées fusent
Dans les plis de la roche
Une musique coule
Goutte à goutte
Sur
La stalactite jeune encore
Qui danse
Et
Mon regard s’embrase
Des chevaux fendent le roc
Sous la voûte dure des hommes se cachent
Les animaux sacrés prennent le ciel à témoin
Et les grands mammouths s’endorment
La grotte est –elle morte ?
Les pores de la caverne saignent
Une haleine d’ours semble se réveiller
Des vagues de silex montent
Le tunnel avale le temps
Dans son mystère l’art pariétal s’expose
Humblement
Le trait lance sa flèche en plein cœur
Je me tais
Respire avec l’haleine des fauves
Rejoins les artistes couchés
Un flanc laisse le trait
Le reprend
Cet œil me fixe
La terre porte des dessous de feu
Des stigmates de fer
Je ne sais qui je suis
Dans cette intimité…
Femme la grotte
Enceinte de la mémoire des origines
Porteuse de chairs et de cris
Ouverte pour l’éternité
Comment ne pas être de cette lignée ?
L’art sauve l’âme du monde
En appelle au Dieu des gouffres et des cryptes
Cherche des tanières salvatrices
Des trésors dans les cavernes
Donne du sens au signe
Le reprend aussitôt
Et nous sommes toujours dans le mystère des origines
Nus
En quête des frères humains
Des traces
Des soupirs
La roche ne retient pas
Libère la lumière
Le temps n’existe pas
Dans la préhistoire de mon texte
Les Signes picturaux
Soulages et Picasso me hantent
Avec des plissés antiques
Et des orgues de cathédrales.
Imagine…
Anny C.