Voici un livre de la bibliothèque...
"C'est un sacré art de
faire fonctionner un corps et un esprit ensemble"
Frédéric Martin, éditeur.
"Un samedi matin de mai, dans un quartier tranquille de Rome. Minuscule ascenseur, vestibule, bureau tapissé
de livres et de souvenirs. Une grande terrasse au dernier étage d’un immeuble, qui s’ouvre d’un côté sur la canopée de pins parasols du grand parc de Villa Glori.
C’est dans cette « joyeuse et folle maison », loin des hordes de touristes qui étouffent aujourd’hui la capitale italienne, que Goliarda
Sapienzaa rempli pendant dix ans, au Bic à l’encre noire, avec une discipline militaire, les pages brûlantes de L’art de la joie, son chef-d’oeuvre presque maudit.
Compagnon de Sapienza
pendant vingt ans, Angelo Pellegrino y vit toujours, entouré des manuscrits et de la mémoire de l’écrivaine décédée en 1996.(...)
Heureux les nouveaux lecteurs qui pourront faire connaissance avec ce grand
livre, dans une nouvelle traduction, aujourd’hui plus conforme à la plus récente édition italienne. Avec Modesta, la protagoniste inoubliable de L’art de la joie, se dessine le parcours étonnant d’une
femme libre. Féministe, communiste, antifasciste, bisexuelle, en permanence entourée d’une nuée de personnages complexes et vivants, tous transfigurés par l’écriture sensuelle et poétique, fougueuse et
incandescente de Goliarda Sapienza."
EXTRAIT
P.9
« Je me trouve à présent dans l’obscurité de la chambre où l’on dormait, où l’on mangeait pain
et olives, pain et oignon. On ne cuisinait que le dimanche. Ma mère, les yeux dilatés par le silence, coud dans un coin. Elle ne parle jamais, ma mère. Ou elle hurle, ou elle se tait. Ses cheveux de lourd voile noir sont couverts de mouches.
Ma sœur assise par terre la fixe de deux fentes sombres ensevelies dans la graisse. Toute la vie, du moins ce que dura leur vie, elle la suivit toujours en la fixant de cette façon. Et si ma mère chose rare sortait, il fallait l’enfermer
dans les cabinets, parce qu’elle refusait de se détacher d’elle. Et dans ces cabinets elle hurlait, elle s’arrachait les cheveux, elle se tapait la tête contre les murs jusqu’à ce qu’elle, ma mère, revienne,
la prenne dans ses bras et la caresse sans rien dire. »
NB
"Si le roman peut choquer par certains aspects - moraux, sexuels, religieux, surtout si l'on pense au contexte de l'Italie des années de plomb, il est avant tout le récit d'une formidable aventure qui captive son lecteur. Le personnage
de Modesta est animée d'une force vitale qui la mène à connaître le monde sous tous ses aspects : l'amour y est vu à la fois comme un art et une puissance à laquelle on ne peut échapper, la politique et
l'engagement antifasciste se vivent à domicile, les générations d'enfants se mêlent et aspirent à la liberté. L'Art de la joieest aussi un roman de la transgression et du dévoilement des tabous
- inceste, assassinat, rapports ambigus avec la religion... L'écriture de Goliarda Sapienza est à la mesure de cette puissance de vie : elle mélange sicilien et dialectes, scènes théâtrales et flux de pensée.
Après l'Art de la joie, Goliarda Sapienza retrouve la voie de l'écriture par l'intermédiaire du journal. Ses Carnetssont désormais publiés
par les éditions du Tripode, et confirment son talent d'écrivain. On y découvre ses lectures, les personnages de l'Italie de l'après-guerre qu'elle fréquente : Morante, Moravia, Visconti; ses voyages, son expérience
de la prison, et on retrouve la justesse et la sincérité de ton d'une femme qui a su faire une oeuvre à partir des "certitudes du doute" qui l'animent. (son éditeur:Fréderic martin RD du Tripode)" (La compagnie des auteurs
/F.C.)