Quand Laoshu rencontre Sei Shonagonen lisant ses fameuses...
NOTES DE CHEVET:
"Composées dans les premières
années du XIe siècle, au moment de la plus haute splendeur de la civilisation de Heian, au moment où Kyôto s'appelait Heiankyô, c'est-à-dire « Capitale de la Paix », "les Notes de l'oreiller" appartiennent
au genre nommé Zoui Hitsou, littéralement "au courant du pinceau".
Ecrits par une dame d'honneur intime de l'impératrice
Sadako, Sei Shônagon, les notes se composent, sans plan ni méthode, d'anecdotes, de pensées, de remarques impromptues et d'images saisies sur le vif...
Ici l'auteur, au fil des pages, met son coeur et son âme à nu, à travers de réflexions plaisantes ou sérieuses, d'aveux naïfs et de paysages poétiques... Des documents
aujourd'hui inestimables qui nous racontent en des termes doux et subtils, le Japon à l'époque des Fujiwara...
Tantôt
poétiques, tantôt vives, les remarques de Dame Shônagon émeuvent par leur simplicité et leur richesse... Subtils jeux de mots et paysages aux pinceaux habilent délicatement le récit et le parent d'or fin...
Jamais démarche n'a été plus délicate, jamais mot plus juste... tout l'art du Zoui Hitsou se dévoile au travers
de pensées spontanées et délicatement posées sur papier par l'un des plus illustres écrivains féminin du Japon.
Un trésor nappé d'or blanc... Doux et fluide comme une simple feuille de papier sur laquelle s'évaporerait nos idées..."
Hokuzaï
&
EXTRAIT des Notes de chevet :
NOTE.38. Choses que l'on ne peut comparer
L'été et l'hiver.
La nuit et le jour.
La pluie qui tombe etle soleil qui brille.
La jeunesse et la vieillesse.
Le rire et la colère.
Le noir et le blanc. L'amour et la haine.
La renouée et l'arbre à liège [La première est petite,et donne une teinture bleue, le second est grand, et
l'on emploieson écorce pour teindre en jaune.].
La pluie et le brouillard.
On n'aime plus une personne, c'est toujours la même, et il vous semble cependant que
c'est une autre.
Dans un jardin planté de nombreux arbres toujours
verts, des corbeaux dorment, quand, vers le milieude la nuit, ils s'éveillent en tumulte, effrayés et troublés. L'alerte est transmise d'arbre en arbre, et les corbeaux croassent, d'une voix altérée par ce
brusque réveil. Tout cela, qui diffère de leur aspect désagréable du jour, est bien joli.
Pour les rendez-vous secrets, l'été est charmant. Les nuits sont extrêmement courtes et fugitives. Déjà il fait jour et l'on n'a pas dormi un seul instant.
Comme les stores sont partout restés levés, la fraîcheur pénètre dans les habitations, et on peut voir au loin, de tous les côtés. À l'aube, les amants ont encore quelque chose à
se dire ;ils sont occupés à causer, quand, juste devant leur chambre, un corbeau s'envole avec un cri sonore. Ils ne doutent pas d'avoir été découverts, et c'est bien amusant ! En hiver, au moment des
grands froids, alors qu'on est couchée à côté de son ami, et que l'on écoute,enfouie sous les couvertures, il est délicieux aussi d'entendre le son d'une cloche qui vous paraît être au fond
d'une fosse. De même, le premier cri des coqs semble venir d'un puits très profond et très éloigné,parce qu'ils chantent le bec enfoncé dans les plumes ;mais à mesure qu'ils se répondent,
il est charmant d'entendre leur chant qui se rapproche.
Quand c'est un amant
qui vient la voir, il n'est pas besoin de dire la joie qu'une femme ressent. Elle est heureuse encore, si c'est seulement quelqu'un avec qui elle est en relation d'amitié. Mais quel ennui lorsqu'un homme qui n'est ni votre amant ni votre
ami vient sans motif particulier vous rendre visite ! Il entre dans la chambre, où, derrière le store, de nombreuses dames sont assises et conversent. Il ne paraît pas vouloir s'en aller bien vite, et ses hommes d'escorte, ses
pages, pensent que « probablement, même le manche de la cognée va pourrir" [Une légende chinoise raconte qu'un bûcheron, Wang Tche (ou Wang Che), s'attarda certain jour àregarder des génies qui
jouaient aux dames, et s'aperçut, quand la partie fut finie, que le manche de sa cognée tombait en poussière : des siècles avaient passé.]». (...)