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ETAT DES LIEUX de Déborah Lévy qui m'a fait tilt
"Je crois que ce que je valorise le plus ce sont les vraies relations humaines et l'imagination." D.L.
Présentation:
"https://youtu.be/xEV64Kf1N_Q
"Après Ce que je ne veux pas savoir et Le coût de la vie (diptyque
couronné par le Prix Femina du roman étranger en 2020), la britannique Deborah Levy clôt son cycle autobiographique.
Ces trois textes
captés « dans la tempête de la vie », disent une manière d’être au monde et revendiquent avec brio la conquête d’un espace à soi.
Dans Etat des lieux...
"Il y a d’abord la maison imaginaire, majestueuse, introuvable, avec une cheminée ovoïde et un grenadier dans le jardin, près d’un lac ou de la mer, libérée des ordres bourgeois,
du mariage notamment, qui fait souvent figurer la femme parmi les biens mobiliers. Puis les abris temporaires que l’autrice, libre comme l’air et ayant acquis une notoriété suffisante pour être traduite et invitée à
l’étranger, occupe dans diverses villes du monde : New York, où elle va vider l’appartement de sa belle-mère américaine et où elle loge dans un hôtel avec une minuscule piscine ; Londres, où elle
refait le monde avec une amie jusque tard dans la nuit, comme à l’adolescence, mais avec des conversations différentes, par exemple celle-ci : « Tout ce que je demande, ai-je dit à Agnès, c’est
de ne plus jamais voir de film où un homme approchant la soixantaine a une histoire avec une femme d’à peine vingt ans et où le gouffre entre les deux saisons de leur vie n’est pas abordé de son point de vue à
elle » ; Mumbai, où elle est invitée dans un festival littéraire pour son roman Sous l’eau et où elle mange un merveilleux bhel puri devant la mer d’Arabie
; Paris, où elle obtient une résidence d’écriture de plusieurs mois et occupe un petit appartement à Montmartre qu’elle décide précisément de ne pas « occuper », de ne pas modeler à
son image et selon ses habitudes ; Berlin, où elle va fêter l’anniversaire d’une amie ; la Grèce enfin, dans une maison de location, sise en haut de 63 marches de pierre, à Hydra.
Elle va simplement partout dans le monde en emmenant sa vie compliquée de femme de presque soixante ans, qui a perdu son lieu d’enfance et qui ne se remet pas de la mort de
sa mère, qui aime assez ses enfants pour les laisser vivre leur vie, qui ne cherche pas forcément à séduire mais ne veut pas ne plus rien attendre. Son rêve d’immobilier s’effrite comme du sable mais elle apprend
à s’approprier ses lieux temporaires et son temps, valorisant les relations humaines et l’imagination. Elle conclut ainsi cette autobiographie non rétrospective sur les seules propriétés qu’elle peut se reconnaître,
à savoir ses livres, propriétés non privées, sans interdictions d’entrer, sans obligation non plus. Et, en effet, ses textes sont hospitaliers : en rendant inséparables la vie et l’écriture, ils donnent
de la dignité à tous les moments de la vie, drôles ou tristes, dérisoires ou saillants. Ils sont le présent tout bruissant de passé et de rêves que chaque existence porte avec elle et que ces livres attentifs
aux détails, à ce que c’est qu’une vie, à ce qu’est une vie de femme, rendent précieux."
Thiphaine Samoyault
(Prix Goncourt de la biographie)
octobre 2021
Une idée qui traverse aussi le nouveau livre d’Emanuele Coccia qui fait
de la maison, notre maison, une expérience de pensée. Elle le conduit à élaborer une philosophie du vivant, qui construit une intimité avec ce qui l’entoure, préalable essentiel à l’altruisme.
Au cœur de ces deux textes en forme de promenades réflexives, une méditation belle et profonde sur ce que c’est qu’habiter."
(La maison de la poésie)
À lire – aux éditions du Sous-sol : Deborah Levy, État des lieux, trad. de l’anglais par Céline Leroy, 2021 – À paraître le 4 novembre : Coffret trilogie Deborah
Levy : Autobiographie en mouvement (Ce que je ne veux pas savoir / Le Coût de la vie / État des lieux).
Emanuele Coccia, Philosophie de la maison, trad. de l’italien par Léo Texier, éd. Rivages, 2021.