«Je n'ai point de thème aujourd'hui, Madame, j'ai envie de vous écrire, et je n'ai rien à vous dire. Quand je vous aurai souhaité un bon estomac,
de la dissipation et de l'amusement, il en résultera seulement que je vous aurai ennuyé (...)."
VOLTAIRE à Mme du Deffand,celle qui écrivait...« J’admirais hier
au soir la nombreuse compagnie qui était chez moi ; hommes et femmes me paraissaient des machines à ressort, qui allaient, venaient, parlaient, riaient, sans penser, sans réfléchir, sans sentir ; chacun jouait son rôle
par habitude : madame la duchesse d’Aiguillon crevait de rire, madame de Forcalquier dédaignait tout, madame de Lavallière jabotait sur tout. Les hommes ne jouaient pas de meilleurs rôles, et moi j’étais abîmée
dans les réflexions les plus noires ; je pensais que j’avais passé ma vie dans les illusions ; que je m’étais creusé moi-même tous les abîmes dans lesquels j’étais tombée ;
que tous mes jugements avaient été faux et téméraires, et toujours trop précipités, et qu’enfin je n’avais parfaitement bien connu personne ; que
je n’en avais pas été connue non plus, et que peut-être je ne meconnaissais pas moi-même » (20 octobre 1766).