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Sur une feuille d'automne

Décidément j’aime l’automne, pour sa mate douceur, le grain de sa lumière, ce mouvement de vague à l’âme sur les berges des fleuves, son horizon Rothko, le velours de ses plis, le moiré de la chanson de Prévert ; plus poétique que l’été, plus grave que le printemps son frère, il est l’humour avant l’hiver, un clin d’œil ébloui qui déchausse ses lunettes quand la nature se dévêt derrière des paravents chinois tandis que nous nous revêtons de bas de soie.

Décidément j’aime ses fruits en coquilles noix et noisettes, ses fruits joufflus pommes et figues, ses raisins rubis aux promesses de vins ronds comme des billes d’agate.
Si le chant de l’alouette s’en va et ne reviendra qu’en février, il nous fait le cadeau de nous laisser nostalgiques et donc dans le désir d'ailes.Et ce désir s’accroit avec le temps qui passe, car rien ne vieillit dans le vrai temps, il passe, et puis revient flux et reflux. Les villes endormies se sont réveillées, il y a dans l’air des envies de feux et de rencontres bois de senteur châtaigne qui retiennent leur souffle sous la cendre.

C’est un enveloppement de brumes légères, l’automne, un voile de tulle blanc cassé d’un roux qui fonce au fil des jours jusqu’à se fondre en terre, un roux écureuil, quelques gouttelettes de sang sur des feuilles qui tremblent comme tremblent les humains désirs perdus.

C’est un pendule qui danse la valse des fleurs de Casse-Noisette, l’automne, une valse brune, lente, qui, à l’arrêt, oblige à retrouver l’équilibre des jours de l’hiver stable, blanc et froid. Elle tourne, tourne, tourne, la valse de l’illusion perdue.

C’est un charme qui pleure, l’automne, la larme au cœur d’une rose ancienne, un souffle bleu, le sourire de l’ange de Reims, ce tricot de fils de laines et un point à l’envers et un point à l’endroit, pour mon cou sans armure et sans haine mon cou….

Nous, nous n’avons pas fini de nous parler d’amour...

C’est de la pure mélancolie , l’automne, c’est la rosée, l’alcool pur du verbe chair de mots, pulpe d’azur, épine de rose mousse, celle que j’ai cueillie dans le jardin que j’aimais. C’est un pas de côté, une liberté libre, détachée des cordées et des nœuds de vipères, une marche vers le haut à ne pas manquer et qui demande de l’attention, de la patience, de l’espoir et de l’esprit.

C’est un poème l’automne, un temps de greniers repus, une élégance de pastels passés, de nids défaits d’amours, de pierres d’angles à vif, de troncs palettes grises, de chemins tapis d’ors, de cieux d’argent massif, de lunes auréolées, de nuages légers mystérieux et vaporeux comme des jupons de St Laurent.

inédit
Anny C.
Anny C.

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc