Au fil des mots

"     L' écoute en atelier d'écriture

e songe au sentiment d' émerveillement que je ressens à l' écoute de la lecture des textes écrits pendant

 A ce moment-là, se passe un corps à corps avec le texte qui prend la parole dans une présence charnelle.

 Le silence qui a précédé, pendant l' écriture, a quelque chose d' énigmatique qui se pose comme un papillon qu'on n' oserait pas déranger. Trop fragile, vulnérable. C' est une attente au risque de l'envol.

 A la lecture alors, quelque chose ne triche pas. C'est un don qui en appelle un autre. Les voix se succèdent sans se précipiter. Le cercle de paroles forme un espace-temps que chacun s'approprie selon sa sensibilité;     un espace éphémère qui garde une saveur d' éternité.

 Pas de complaisance: exigence et naturel, c'est la crête sur laquelle nous marchons. Et chaque fois, l'espoir d' un autrement dit, d' un mieux écrit et aussi la découverte d' une trouvaille, d'une pépite: ô surprise!

 C'est de la nature du Haïbum, ce texte japonais qui raconte un voyage par exemple et, de temps en temps, truffe son récit d' un haïku, d'une éclair lumineux: dans la prose, tout à coup fuse une étoile filante poétique,   un mot juste, très personnel qui fait mouche!

    Nous vibrons alors au talent de l'autre qui nous enrichit.

    En atelier, nous vivons un aller-retour de l'extérieur à l'intérieur,de l'intérieur à l'extérieur et, quand nous nous séparons,ce n' est pas vrai qu'il n'en reste rien ou alors, il s'agit d'un petit rien qui joue la musique de l'expérience vécue.

Anny Carrère

Vue d'ensemble