Au fil des mots

EPHEMERIDE

Touchée par ce film, L'école du bout du monde,(en salle) primé aux Oscars, à un moment où en France il y a trop de places au CAPES de mathématiques tant les étudiants fuient l'enseignement qui n'est plus une situation lucrative, qui n'est plus un métier respecté... Au Boutan (et ailleurs évidemment) des enfants désirent apprendre avec une foi sans condition, ça vous fend le cœur!

Je me souviens avoir étudié en classe avec mes élèves de sixièmeLe journal de Ma Yan, ce journal d'une petite chinoise rencontrée par Pierre Haski, qui dans une campagne isolée allait à l'école avec cette faim d'apprendre qui donne des ailes. Mes élèves lui avaient écrit, prenant conscience de leur chance.

Le film et le livre mettent en valeur l'importance du papier: parfois, dans le journal de Ma Yan, il manque des pages car son père lui en 'volait" pour rouler ses cigarettes...dans le film, le maître d'école le prend sur les fenêtres protégeant du froid, quand il lui en manque!

Bande annonce

Une scène:

Il y a quelques semaines, le Bhoutan décrochait une première nomination historique aux Oscarsgrâce à L’école du bout du monde, cité dans la catégorie du meilleur film international. Cette mise en lumière extraordinaire offre l’occasion de découvrir une contrée méconnue et pourtant reconnue pour être un territoire où il fait bon vivre : dans le classement des pays où les habitants seraient le plus heureux, – celui-ci, en bordure d’Himalaya demeure en tête depuis plusieurs années.

L’école du bout du mondese tient dans le village isolé de Lunana, situé à plus de 3000 mètres d’altitude et ne comptant pas plus d’une cinquantaine d’âmes. D’abord assez réfractaire suite à cette mutation qui l’éloigne des zones urbaines, le jeune enseignant au coeur du film se prend finalement d’affection pour ses habitants, touché par la convivialité et la générosité dont ils font preuve envers lui. Pourtant, il y manque de tout : aucun tableau pour dispenser ses leçons et partager des notions à l’écrit collectivement, une seule grande table autour de laquelle se réunissent les élèves, un matériel scolaire réduit à peau de chagrin, et une étable comme salle de classe – parfois même fréquentée par un yak. Il doit ainsi rivaliser d’inventivité pour dispenser les savoirs élémentaires à son comité réduit (mais motivé) d’élèves. Ces derniers se montrent particulièrement reconnaissants d’avoir un enseignant, et c’est une ambiance de classe studieuse – mais parfois cocasse – qui règne dans ce lieu unique. 

Contrairement aux pays occidentaux, où le statut des professeurs est sans cesse dégradé et médiatiquement attaqué, le Bhoutan fait de l’enseignement l’une des plus nobles vocations, avec la médecine. Dans ce pays qui privilégie le bien-être de sa population plutôt que sa croissance économique, la poursuite de ses rêves et de perspectives plus alléchantes apparaît comme l’illustration du changement en cours dans ce pays forcément impacté par la mondialisation. Cette rencontre avec les villageois et les jeunes élèves de Lunana fait naître en lui un changement philosophique – mais cette métamorphose existentielle sera-t-elle suivie d’effet ? 

Allez voir le film et vous le saurez...

Empreint de spiritualité et de belles valeurs comme le respect de la nature, L’école du bout du monde raconte en creux les conflits sociétaux du Bhoutan à travers son récit universel débordant d’humanité, qui ne manque pas de questionner chacun.e autour de notre place dans le monde et des chemins pour parvenir au bonheur. Sublimé par ses prises de vues sur les vastes sommets sauvages et enneigés, ce parcours d’un enseignant contraint de mettre (temporairement) en sourdine ses aspirations de chanteur résonne en reflet de notre époque individualiste.

Intrigant, si beau dans son épure, le film de Pawo Choyning Dorjidevient irrésistiblement poignant dans son dernier segment pour marquer durablement. Cette superbe ode à la solidarité et au partage enchante par son invitation à retrouver le plaisir des choses simples. (Le bleu du miroir)

&

a d’abord voulu étudier la politique et la gouvernance. Puis il a décidé de suivre une formation pour devenir moine. C’est alors que le cinéma lui est tombé dessus. Son premier film, 

L’École du bout du monde,

a valu au Bhoutan une première nomination aux Oscars [dans la catégorie du meilleur film étranger, en mars 2022].

Pawo Choyning Dorji

L’École du bout du mondeest une histoire de résilience. Un film qui oppose réalité contemporaine et sagesse ancienne. Il s’ouvre sur une juxtaposition, un présage. Dans les hauteurs des montagnes [de l’Himalaya], une femme fredonne Yak lebi lhadar,un chant d’éleveurs de yacks qui parle de séparation et de sacrifice. En ville, une grand-mère essaie de tirer de son sommeil son petit-fils Ugyen, vêtu d’un tee-shirt [avec l’inscription] Gross National Happiness[“ bonheur intérieur brut”, un indice élaboré par le Bhoutan pour évaluer le bien-être de sa population]

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions . Ecrire , cry...

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces de...

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie, Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai ...