Au fil des mots

EPHEMERIDE

A cause des pivoines

À cause des pivoines lourdes de pluie
Têtes courbées sur la pelouse
Et de leur odeur lourde de nuit
À rendre les roses jalouses

Je ralentis, je regarde

A cause de ces troupeaux immobiles
Dans la fournaise de juillet
Sous les grands arbres tranquilles
Mais sous le ciel déjà inquiet

Je ralentis, je regarde

À cause de l'orage au loin qui s'affaire
Couleur d'ardoise, parfum d'étain
Sur la dorure des blés en prière
Le dos rond de tous leurs grains

Je ralentis, je regarde

A cause de ce creux dans la colline
Aussi tendre qu'un lit défait
Et du vent dans les herbes qui dessine+
La maison où l'on s'aimerait

Je ralentis, je regarde

À cause de cette flèche rousse
Surgie du long bois frissonnant
Renard furtif, au pas de course
Échine oblique de brigand

Je ralentis, je regarde

A cause de cette plaine labourée
Silencieuse comme un livre ouvert
Lignes tracées non rédigées
Préface de brume signée l'hiver

Je ralentis, je regarde

À cause de cette buse sur le piquet
Sentinelle de terres gelées
Et de son œil doré où apparaît
Comme une lampe qu'on vient d'allumer

Je ralentis, je regarde

À cause des roses matinales
En robes étalées sur la pelouse
Roses poudrées virginales
À rendre les pivoines jalouses

Je ralentis, je regarde

BEA TRISTAN

BEA TRISTAN

27. févr., 2018

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Commentaires

06.04 | 06:20

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10.10 | 11:28

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