Au fil des mots

EPHEMERIDE

"Chacun de mes poèmes s’est voulu un instrument de travail utile. (...) Et bien que ma situation ait soulevé et soulève des objections amères ou aimables, ce qui est certain, c’est que je ne vois pas d’autre chemin pour l’écrivain de nos pays vastes et cruels, si nous ne voulons pas que l’obscurité fleurisse, si nous prétendons à ce que les millions d’hommes qui n’ont pas encore appris à nous lire, ni à lire, qui ne savent pas encore écrire, ni nous écrire, s’établissent sur le terrain de la dignité sans lequel il n’est pas possible d’être des hommes à part entière. (...) J’ai été le plus abandonné des poètes, et ma poésie a été régionale, douloureuse et pluvieuse, mais j’ai toujours eu confiance dans l’homme. Pablo Neruda lors de la remise de son prix Nobel de littérature, 1971"



Poème 9
Ivre de longs baisers, ivre des térébinthes,
je dirige, estival, le voilier des roses,
me penchant vers la mort de ce jour si ténu,
cimenté dans la frénésie ferme de la mer.

Blafard et amarré à mon eau dévorante
croisant dans l'aigre odeur du climat découvert,
encore revêtu de gris, de sons amers,
et d'un triste cimier d'écume abandonnée.

Je vais, dur, passionné, sur mon unique vague,
lunaire, brusque, ardent et froid, solaire,
et je m'endors d'un bloc sur la gorge des blanches
îles fortunées, douces comme des hanches fraîches.

Mon habit de baisers tremble en la nuit humide
follement agité d'électriques décharges,
d'hébraïque façon divisé par des songes
l'ivresse de la rose en moi s'est déployée.

En remontant les eaux, dans les vagues externes,
ton corps jumeau et qui se soumet dans mes bras
comme un poisson sans fin s'est collé à mon âme
rapide et lent dans cette énergie sous les cieux.

in
20 poèmes d'amour
"

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions . Ecrire , cry...

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces de...

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie, Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai ...